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Le blog de Georges Panayotis, expert en tourisme et hôtellerie
7 juillet 2014

Lex Americana, à quand la Lex Europa ?

La déontologie est-elle une valeur universelle ou ne s’applique-t-elle que si ceux qui s’en réclament y sont contraints ? Comme si ce n’était déjà pas suffisant de voir des milliards d’euros d’impôts s’échapper grâce à une optimisation abusive des situations fiscales, les règles de contrôle sur l’usage des données informatiques volent, elles-aussi, en éclats.

L’information est - et sera de plus en plus - le nerf de la guerre. Les entreprises peuvent déterminer leur stratégie, leur positionnement, leurs actions en fonction des informations collectées sur les clients et sur leurs concurrents. Les Big Data ne sont pas qu’un fantasme, c’est une arme absolue quand elles permettent de décortiquer les comportements, d’analyser les offres du marché et d’en tirer un formidable avantage concurrentiel.

Et dans ce domaine, seule la puissance fait loi s’asseyant avec mépris sur les lois nationales en matière de confidentialité et de transparence commerciale ? Le libre-échange, cher aux entreprises américaines qui font pression pour ouvrir tous les marchés, ne signifie pas le pillage des données et leur utilisation sans contrôle. Et pourtant, si la justice américaine est implacable à condamner les écarts des banques françaises qui utilisent le dollar, la justice européenne est quasi impuissante contre les pratiques pourtant condamnables des mastodontes qui sévissent sur son territoire.

Ces Big Companies se comportent comme en terrain conquis et se partagent le monde évitant de s’épuiser en guerres fratricides. L’Union Européenne s’élève régulièrement contre la collusion et le mélange des genres qui font que les sociétés d’audit comptable (Deloitte, Ernst&Young, Horwath, KPMG, PriceWaterhouseCooper,...), qui connaissent dans le détail les comptes des opérateurs, ne se gênent pas pour leur prodiguer des conseils stratégiques, assurer leurs évaluations, alimentées par des bases de données que gèrent leurs filiales. Le tout en faisant fi des circulaires européennes qui interdisent pourtant ces pratiques. Les conflits d’intérêt sont évidents et régulièrement dénoncés, mais il devient de plus en plus difficile de s’y opposer quand les ordinateurs se parlent sans contrôle à distance depuis les endroits les plus reculés de la planète.

La souveraineté nationale est mise en cause parce que les sanctions ne sont pas réelles et que la Lex Europa est loin d’avoir le poids de la Lex Americana. En bout de chaîne, les hôteliers sont scrutés, analysés, décortiqués, sans un contrôle rigoureux et efficace des circuits de collecte de l’information sur leurs performances individuelles. Ils sont mis en danger par une organisation tarifaire du marché qui les excluent de la décision et qui peut les mettre hors circuit. Il est bon de rappeler que l’utilisation de données confidentielles peut s’assimiler à la volonté d’une entente illicite, passible de lourdes amendes. 

Coincés d’un côté par des OTAs qui ont mis la main sur la commercialisation en ligne et de l’autre par des stratèges financiers de haute volée qui ont intérêt à assécher le marché au profit des entreprises qu’ils conseillent, les hôteliers indépendants et franchisés se retrouvent pieds et poings liés. A vouloir s’arranger avec ces grands cabinets, certains groupes hôteliers ne mesurent pas toujours les conséquences de leurs décisions. Le pire est toujours à venir quand on ne veut pas le regarder en face.

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