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Le blog de Georges Panayotis, expert en tourisme et hôtellerie
14 mai 2014

Cosme, microcosme et hypocosme

Nous vivons une bien étrange période où la perte des repères conduit à des situations paradoxales et inquiétantes. De gauche ou de droite, le personnel politique perd de plus en plus la notion de service public pour s’affronter en polémique stérile, pour défendre son pré carré et passer plus de temps à se faire des croche-pieds entre amis qu’à œuvrer au bien de la Nation.

Dans un même camp, les clans se disputent le pouvoir et torpillent sans complexes ceux qui pourraient leur faire de l’ombre. Les «affaires» se multiplient, éclaboussant toute la classe politique et entraînant dans leur sillage des victimes collatérales qui ont eu le malheur de croiser le chemin de la cible du moment. Au bout du compte, c’est un rejet global qui menace les «élites» alors que la situation actuelle nécessite une «Union sacrée» au service du redressement économique.

Au lieu d’être sereine et impartiale, la justice participe à la confusion générale en s’asseyant sur tous les principes de la confidentialité des débats, du secret de l’instruction et de la présomption d’innocence. Au gré des querelles et des connivences entre juges et politiciens, les dossiers fuitent, des pièces s’égarent dans la nature et agitent les commentaires en toute impunité pour les lanceurs de rumeurs. Le traitement des affaires récentes ne fait pas vraiment honneur à notre justice et à ceux qui l’administrent.

Le quatrième pouvoir, les médias, censé contrebalancer le contrôle des institutions par les dirigeants politiques, a perdu aussi ses repères. Il ne s’agit plus vraiment de «dire la vérité» au peuple mais bien d’exciter sa curiosité et de racoler ses pulsions pour «vendre du papier» et gagner des lecteurs. Tel rédacteur en chef, qui se drape théâtralement dans son écharpe rouge, piétine allègrement l’éthique et la déontologie pour assurer son image médiatique. Il court les plateaux et les débats télévisés pour rajouter une couche de commentaires sur des «affaires» qui sont gonflées à plaisir en détournant l’attention des vrais sujets. Ce même brillant intellectuel a voulu appliquer la double peine aux passagers en surpoids en leur faisant payer leur handicap au kilo sur les vols d’Air France. Drôle de conception de l’égalité entre les citoyens !

Nos élites vivent sur une autre planète, limitée à une petite sphère parisienne et consanguine. Il serait bon de les rappeler à plus de raison et de morale. Dans la Crète ancienne, les dix juges désignés pour assurer le bon fonctionnement de la justice s’imposaient une limite de mandat pour ne pas monopoliser le pouvoir et éviter la tyrannie. Chaque «cosme» s’interdisait pendant dix ans au terme de son mandat de participer à des décisions de justice, au risque d’une forte amende, de l’annulation de ses jugements et de la perte de ses droits civils. L’alternance et le renouvellement des juges évitaient la constitution de castes et les arrangements entre puissants.

De nos jours, les cosmes se sont malheureusement transformés en «microcosme» coupé des réalités de l’économie et des préoccupations de ses acteurs. On peut même craindre l’évolution vers un «hypocosme» étriqué où la réflexion et le débat intellectuel sont remplacés par la mesquinerie et la barbouserie.

Ce climat étrange déteint à tous les niveaux de pouvoirs. Même dans notre industrie, les rivalités et les luttes d’influence mobilisent une formidable énergie qui serait mieux employée à défendre les intérêts des professionnels, à anticiper les problèmes qu’ils découvrent quand il est déjà trop tard. Les ambitions personnelles doivent pouvoir laisser la place à une vision plus moderne et plus attractive de notre secteur qui traduise sa vraie place dans l’économie. On ne se grandit pas en rabaissant les autres. Tirer le secteur vers le haut doit rester la préoccupation majeure des responsables économiques, politiques et syndicaux.

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