Laïcité quand tu nous tiens…

Un mois après les dramatiques événements vécus en France et la réaction émotionnelle de millions de citoyens se dressant contre la barbarie et pour la liberté de pensée, le temps arrive d’une réflexion plus raisonnée à défaut d’être totalement raisonnable.

Dans les débats qui ont suivis, la laïcité a été présentée comme un antidote aux passions provoquées par une lecture excessive des préceptes religieux, d’où qu’ils viennent. Le problème est que cette laïcité ne s’est pas exprimée de manière paisible, mais comme une revendication autorisant toutes les provocations. Au nom d’un héritage libertaire et d’un espace ouvert par l’émotion planétaire, les bouffeurs de curés et de toutes les religions s’en sont donné à cœur joie pour gratter un peu plus la fibre contestataire.

L’irrespect laïc a aussi ses limites quand il est inutilement blessant. Quand le président François Hollande trouve insupportable et appelle à punir ceux qui ont réagi violemment à la couverture du dernier Charlie Hebdo, le pape François, lui, est plus critique : «On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision». Lequel est sur la voie de l’apaisement et du respect mutuel ?

Comment expliquer le nouveau succès de librairie du Traité sur la tolérance de Voltaire et cette manie incontrôlée de vouloir pousser le bouchon encore plus loin ? La France, terre permanente de paradoxe, prêche pour une fraternité élargie et remet de l’huile sur le feu pour voir si la braise est toujours vivante. Au final, on peut s’interroger pour savoir si le discours laïcisant n’est pas le plus intolérant.

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