Une priorité sans moyens… est une utopie

Avec près de 85 millions de séjours de touristes étrangers, la France se croit peut-être à l’abri d’une grave crise de son tourisme. Focalisé sur cette réussite, notre ministre de tutelle, Laurent Fabius, multiplie les initiatives intéressantes en libéralisant l’octroi de visas aux clientèles chinoises, en mobilisant les ambassadeurs comme autant de représentants touristiques, en exportant la gastronomie française aux quatre coins du globe… Mais cette politique indispensable est loin d’être suffisante pour assurer une croissance soutenue sur le long terme.

En misant à ce point sur la clientèle étrangère, on risque d’accentuer un mal français : le déséquilibre entre quelques régions privilégiées et les autres territoires délaissés. Une pression accentuée sur Paris, la Côte d’Azur et les Alpes ne résoudra pas un problème majeur, la dégradation de l’offre dans le reste du pays et une faiblesse manifeste de la politique de développement territorial.

L’investissement touristique est globalement en recul, même si des ouvertures spectaculaires semblent prouver le contraire. La concentration des nouvelles installations sur l’Ile-de-France et la Riviera fait monter le ticket d’entrée et ouvre largement la porte aux investisseurs étrangers, sollicités, assistés et favorisés par notre administration. Pendant ce temps, les entrepreneurs français se battent contre des banques réticentes, des réglementations grandissantes et une fiscalité envahissante. L’incitation est loin d’être à la hauteur des besoins et rares sont les institutions financières qui mettent leurs moyens au service des nouvelles infrastructures touristiques. La Caisse des Dépôts et ses différentes émanations distribuent au compte-goutte les prêts participatifs alors qu’il est de leur devoir de servir de moteur puissant à la relance des investissements productifs. Il faut une sacré ténacité aux porteurs de projets pour aller jusqu’au bout de leurs rêves.

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